La mort subite de Karl Barth, le 10 décembre 1968, fut ressentie par bien des gens comme la perte d’un père de famille ; il en avait été de même au décès du pape Jean XXIII.
On a appelé Barth le Kant ou l’Einstein de la théologie ; également «le» théologien ; moins heureusement « le plus grand théologien de notre siècle ». Lui-même estimait qu’étant donnée l’importance de l’enjeu, il ne pouvait y avoir que de petits théologiens. Néanmoins, il n’a pas contesté le titre de «joyeux partisan de Dieu ». On l’a aussi nommé le «troubadour de la grâce de Dieu» et le «grand consolateur de notre siècle».
Par là, on laisse entendre qu’ici la théologie n’est pas une théorie éloignée de l’homme. On comprend que Barth ait pu déclarer qu’il avait été lu avec plus de zèle et mieux compris par ceux qu’on appelle les laïcs que par les théologiens chevronnés. On a pu le nommer le plus grand théologien de notre temps ; ce qui ne l’empêche pas d’être un homme qui se livre tout naturellement, qui dit vigoureusement oui à la vie, doué du witz bâlois et d’un précieux humour, personnellement modeste, sociable, répandant autour de lui, non pas un sentiment d’oppression, mais de libération. On l’a appelé «le théologien», et on ne pourrait pas le ranger dans la catégorie des hommes «pieux », lesquels ne sont cependant pas rares.