Groupe religieux très minoritaire au sein de la nation, le protestantisme français connaît depuis la libération une série de mutations profondes et de crises qu’il convenait d’analyser et de comprendre. Au travers de ces mutations et de ces crises, des déclins et des renouveaux, se manifestent une volonté de vie et d’innovation, un désir de conserver une identité sans cesse remise en question. Naturellement, 1945 ne marque pas, dans l’histoire du protestantisme français, une rupture radicale. Bien des phénomènes étudiés plongent leurs racines dans un passé beaucoup plus lointain. Le souvenir des siècles de persécution, puis de tracasseries administratives n’est pas encore éteint. La grande saignée de 1914-1918 est loin d’être guérie. Les conflits théologiques et ecclésiastiques ont produit des clivages profonds. Pourtant la diversité institutionnelle masque mal une unité certaine. Sans présenter un panorama complet de la vie actuelle des Eglises protestantes, ce livre voudrait faire connaître un protestantisme souvent mal connu. Il voudrait surtout dégager des expériences récentes les lignes de force de l’avenir. C’est pourquoi il ne s’interdit pas de porter des jugements et d’indiquer le prix qu’il faudra payer pour que le protestantisme français conserve, dans l’attente de l’unité, sa vocation originale et originaire.
Docteur en théologie et pasteur de l’Eglise réformée de France, Roger Mehl fut également chroniqueur du protestantisme dans le quotidien « Le Monde ».