Les théologies politiques et celles de la libération prennent en compte le déroulement concret de notre histoire. Elles brisent avec les formes idéalistes de la théologie. Par leurs méthodes et leurs questions, elles reprennent à nouveaux frais une donnée par trop oubliée dans la foi commune: la messianité de Jésus. Elles obligent donc à en réouvrir le dossier.
C’est le but de cet ouvrage: essayer de décrire l’enjeu du messianisme de Jésus sans tomber dans l’irréalisme utopique, c’est-à-dire sans cacher la violence habitant notre histoire. La prise au sérieux de la violence conduit à un évaluation moins triomphaliste de la Christologie: elle exige de décliner cette dernière à partir d’une distance d’avec le Dieu caché que, cependant, Celui dont elle parle, Christ, révèle. Elle met en situation nécessaire bien que paradoxale l’effort entrepris par ceux qui ne se résignent pas à faire du christianisme une religion illusoire, sans effet sur l’histoire de l’oppression.